Tomographie en Cohérence Optique révèle des marqueurs précoces de la maladie de markinson dans la rétine
NEUROOPHTHA Londres – Des recherches antérieures sur la maladie de Parkinson (MP) ont mis en lumière des altérations neurodégénératives dans la rétine des individus atteints de cette pathologie. Cependant, l’identification précise de ces altérations via l’imagerie in vivo est restée incertaine. Pour pallier cela, une étude approfondie a scruté l’anatomie de la rétine interne en utilisant la tomographie par cohérence optique (OCT) chez des patients souffrant de la MP. En parallèle, cette recherche a évalué l’association entre ces marqueurs rétiniens et le développement de la maladie, s’appuyant sur une cohorte de recherche prospective. La méthodologie adoptée par Wagner et al. du Centre de recherche biomédicale de l’hôpital ophtalmologique Moorfields à Londres, Royaume-Uni, pour cette analyse transversale s’est appuyée sur les données de deux études distinctes. Pour investiguer les marqueurs rétiniens associés à la MP déjà présente, les données de la cohorte rétrospective AlzEye ont été utilisées. Cette dernière regroupait 154.830 patients âgés de 40 ans et plus, fréquentant des hôpitaux ophtalmologiques de soins secondaires à Londres, entre 2008 et 2018. Quant à l’étude des marqueurs dans la MP incidente, les données de la UK Biobank ont été exploitées. Cette cohorte prospective, composée de 67.311 volontaires âgés de 40 à 69 ans recrutés entre 2006 et 2010, a subi une imagerie rétinienne. Les épaisseurs de différentes couches rétiniennes ont été mesurées à l’aide de l’OCT centré sur la fovéa, incluant la couche de fibres nerveuses rétiniennes maculaires (mRNFL), la couche plexiforme interne des cellules ganglionnaires (GCIPL) et la couche nucléaire interne (INL). Les résultats de l’étude publiés dans le numéro d’octobre 2023 du journal scientifique NEUROLOGY ont révélé des différences significatives au niveau des épaisseurs rétiniennes entre les individus atteints de la MP et les sujets témoins. Dans la cohorte AlzEye, comprenant 700 patients atteints de la MP et 105.770 témoins, les personnes souffrant de la maladie présentaient un GCIPL (-2,12 μm; IC à 95% -3,17 à -1,07; p = 8,2 × 10-5) et un INL (-0,99 μm; IC à 95% -1,52 à -0,47; p = 2,1 × 10-4) plus minces par rapport aux sujets témoins. Concernant la UK Biobank, regroupant 50.405 participants parmi lesquels 53 ont développé la MP après une période moyenne de 2.653 ± 851 jours, une corrélation entre l’amincissement du GCIPL (rapport de risque [HR] 0,62 par augmentation de SD; IC 95% 0,46-0,84; p = 0,002) et de l’INL (HR 0,70; IC 95% 0,51-0,96; p = 0,026) et l’apparition de la MP a été mise en évidence. Ces découvertes suggèrent que l’OCT peut servir de méthode prometteuse pour détecter des altérations rétiniennes associées à la MP, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives pour le diagnostic précoce de cette maladie neurodégénérative. (um)
Auteurs : Wagner SK, Romero-Bascones D, Cortina-Borja M, Williamson DJ, Struyven RR, Zhou Y, Patel S, Weil RS, Antoniades CA, Topol EJ, Korot E, Foster PJ, Balaskas K, Ayala U, Barrenechea M, Gabilondo I, Schapira AHV, Khawaja AP, Patel PJ, Rahi JS, Denniston AK, Petzold A, Keane PA, for UK Biobank Eye & Vision Consortium. Correspondance : Siegfried Karl Wagner, Institute of Ophthalmology, University College London, London, United Kingdom. Electronic address : s.wagner@ucl.ac.uk Étude : Retinal Optical Coherence Tomography Features Associated With Incident and Prevalent Parkinson Disease. Source : Neurology. 2023 Oct 17;101(16):e1581-e1593. doi: 10.1212/WNL.0000000000207727. Epub 2023 Aug 21. PMID: 37604659; PMCID: PMC10585674. Web : https://n.neurology.org/content/101/16/e1581