TRANSFORMER : androgénothérapie bipolaire vs enzalutamide chez les hommes asymptomatiques atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration.
TRANSFORMER Baltimore – Depuis la découverte de la thérapie antiandrogène chez les patients atteints de cancer de la prostate par Charles Huggins, les antiandrogènes de première puis de deuxième génération ont constitué un pilier important dans le traitement du cancer avancé de la prostate. Cependant, l’apparition d’une résistance est fréquente avec la progression de la maladie. Il est présumé que les récepteurs androgènes (AR) sont hautement régulés. L’exposition épisodique à des concentrations supraphysiologiques de testostérone conduit à une re-régulation de l’AR et donc à une possible nouvelle sensibilité à l’ADT. L’alternance de concentrations de testostérone extrêmement basses et élevées à des fins thérapeutiques est appelée androgénothérapie bipolaire (BAT). Samuel R Denmeade et al ont inclus dans cette étude des hommes asymptomatiques atteints d’un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration (mCRCP). Les chercheurs ont effectué une randomisation 1:1 entre l’enzalutamide (160mg par jour par voie orale) et le cypionate de testostérone (400mg par voie intramusculaire tous les 28 jours) ainsi qu’une suppression de la testostérone poursuivie par castration chirurgicale, agonistes ou antagonistes de la LHRH. Le critère d’évaluation principal était la survie sans progression (SSP) clinique et radiologique. Entre avril 2015 et avril 2018, un total de 195 patients ont été recrutés dans l’étude (BAT 94, enzalutamide 101). Le suivi médian était de 31,9 mois. La SSP médiane était de 6,5 mois dans le groupe BAT contre 5,7 mois dans le groupe enzalutamide (p=0,45). Il n’y a pas eu de différence statistiquement significative dans la survie globale médiane (OS). La progression du taux de PSA a été observée légèrement plus tôt dans le groupe BAT que dans le groupe enzalutamide (2,8 mois contre 3,8 mois, p=0,02). Les patients asymptomatiques se sont vu offrir la possibilité de changer de groupe après une phase d’élimination de 28 jours, ce qui a été adopté par 39% des patients du groupe BAT et 47% des patients du groupe enzalutamide. La principale raison du cross-over était la progression radiologique (95% BAT, 90% enzalutamide). La SG après le passage à l’enzalutamide était de 37,1 mois contre 30,2 mois après le passage à la BAT (p=0,23).Dans le numéro électronique d’avril de la revue CLINICAL ONCOLOGY, l’équipe indique que sans Cross-Over, la SG était de 28,6 mois dans le groupe enzalutamide (p=0,03) et de 25 mois dans le groupe BAT (p=0,009). Il n’y a pas eu de différence quant à l’incidence des événements indésirables entre les deux groupes. (fa/um)
Auteurs : Samuel R Denmeade 1, Hao Wang 1, Neeraj Agarwal 2, David C Smith 3, Michael T Schweizer 4, Mark N Stein 5, Vasileios Assikis 6, Przemyslaw W Twardowski 7, Thomas W Flaig 8, Russell Z Szmulewitz 9, Jeffrey M Holzbeierlein 10, Ralph J Hauke 11, Guru Sonpavde 12, Jorge A Garcia 13, Arif Hussain 14, Oliver Sartor 15, Shifeng Mao 16, Harry Cao 1, Wei Fu 1, Ting Wang 1, Rehab Abdallah 1, Su Jin Lim 1, Vanessa Bolejack 17, Channing J Paller 1, Michael A Carducci 1, Mark C Markowski 1, Mario A Eisenberger 1, Emmanuel S Antonarakis 1, Correspondance : 1Le Sidney Kimmel Comprehensive Cancer Center de Johns Hopkins, Baltimore, MD, 2Le Huntsman Cancer Institute, Salt Lake City, UT, 3 L’Université du Michigan, Ann Arbor, MI, 4 L’Université de Washington, Seattle, WA, 5 L’Université Rutgers, New Brunswick, NJ,6 Le Piedmont Cancer Institute, Atlanta, GA, 7 Le City of Hope Cancer Center, Duarte, CA, 8 L’Université du Colorado, Aurora, CO, 9 L’Université de Chicago, Chicago, IL, 10 Université du Kansas, Kansas City, KA, 11 Nebraska Cancer Specialists, Omaha, NE, 12 Université de l’Alabama à Birmingham, Birmingham, AL, 13 The Cleveland Clinic, Cleveland, OH, 14 Université du Maryland, Baltimore, MD, 15 Université Tulane, Nouvelle-Orléans, LA, 16 Allegheny General Hospital, Pittsburgh, PA, 17 Cancer Research and Biostatistics, Seattle, WA, Étude : TRANSFORMER: A Randomized Phase II Study Comparing Bipolar Androgen Therapy Versus Enzalutamide in Asymptomatic Men With Castration-Resistant Metastatic Prostate Cancer, source : J Clin Oncol.2021 Apr 20;39(12):1371-1382.doi : 10.1200/JCO.20.02759. Epub 2021 Feb 22, Web : https://ascopubs.org/doi/10.1200/JCO.20.02759
Commentaire
L’essai TRANSFORMER est unique dans la mesure où il a comparé des approches thérapeutiques diamétralement différentes. Il n’y a pas eu de supériorité de la BAT par rapport au traitement par l’enzaluatmide. La PFS et la SG ont montré des effets comparables. La BAT reste une approche thérapeutique passionnante, mais des études supplémentaires devront certainement être menées avant qu’elle puisse être appliquée dans la pratique clinique. (fa)
Auteur: Dr. med. Fabian Aschwanden Médecin assistant Hôpital cantonal de Lucerne